L’organisation politique que nous devons construire est résolument révolutionnaire. Révolutionnaire, car nous pensons qu’il faut rompre avec le système actuel et qu’aucune rustine, aucun washing ne le rendront jamais ni vert, ni rouge, ni arc-en-ciel. Révolutionnaire parce que nous voulons en finir avec ce système écocide, patriarcal, validiste, raciste et impérialiste et que nous portons un projet de justice, d’égalité et de démocratie. Révolutionnaire parce que nous ne pensons pas que ce changement radical de société peut passer par une voie strictement parlementaire et institutionnelle, et parce que le changement de société que nous souhaitons implique une participation populaire massive. L’organisation que nous voulons construire doit également s’inscrire dans le camp politique que l’on nomme la gauche. Même si nous ne partageons pas certaines orientations de telle ou telle organisation politique de gauche, nous sommes convaincues et convaincus de la nécessité de mener des batailles en commun, sur le front des luttes comme lors des élections. C’est pourquoi nous pensons que la NUPES, en dépit de ses limites et de ses faiblesses, peut-être utile – comme le sont et pourront l’être aussi d’autres alliances politiques et sociales à gauche – pour peser dans le rapport de force face à la droite, face à la menace néo-fasciste et pour la construction d’une alternative. Localement et selon les moments politiques, la participation à des dynamiques initiées par la NUPES peut être nécessaire si ces dynamiques ont un ancrage populaire et rassemblent par la base et qu’elles sont l’occasion d’assemblées populaires et citoyennes. Mais cela ne signifie pas que la NUPES, alliance électorale à l’avenir incertain et construite par des directions de partis ni démocratiques ni révolutionnaires, constitue pour nous le cadre principal de l’activité politique ou un horizon indépassable. L’auto-organisation, la généralisation des luttes, sont pour nous essentielles. Même si nous pensons qu’une organisation politique doit prendre au sérieux la question électorale et le rôle qu’elle peut exercer d’un point de vue institutionnel, nous refusons de penser que les élections seraient le seul moyen de changer les choses.

L’organisation politique que nous voulons construire propose de décloisonner les forces politiques, syndicales, associatives et habitantes, mais ne remplacera, bien sûr, aucun syndicat dans les entreprises ni aucun collectif militant. Tout en défendant et en nous mobilisant pour les revendications de celles et ceux qui luttent, nous pensons que le rôle d’une organisation politique est de proposer un projet global qui réponde à l’analyse de la situation que nous faisons. Une organisation politique doit en permanence être perméable aux mouvements sociaux, construite par des militants et militantes, qui y sont impliquées, mais elle doit aussi être capable de mettre en relation les différents enjeux portés par les unes et les autres, de proposer un modèle global différent du système qui nous oppresse et nous divise. Notre organisation devra donc être intersectionnelle dans sa composition et son fonctionnement, et contribuer à montrer les liens de transversalité entre les luttes. Dessiner des perspectives qui renforcent encore la volonté de se battre au quotidien, car c’est aussi de ça que peut se nourrir le mouvement social. C’est le point de départ de ce Manifeste : nous savons que la situation actuelle est dangereuse pour une grande partie de la vie sur Terre et pour nos libertés. Que le système actuel, même amendé, produira inéluctablement des effets similaires. Pour autant, la proclamation d’idéaux, tout aussi nécessaire soit-elle, ne suffit pas. Seule, elle pourrait même être contre-productive en nous condamnant éternellement au camp des « idéalistes », sympathiques, mais pas vraiment responsables. Au contraire, nous pensons que le projet que nous défendrons devra être le plus responsable de tous face aux catastrophes et menaces ! Nous ne sous-estimons pas non plus les germes de revendications victorieuses et les expériences alternatives qui peuvent être développés au sein même de la société capitaliste dans la perspective de son renversement. Tout ce qui, dans le cadre de la société actuelle, peut préparer cette transformation radicale devra être compris comme un travail révolutionnaire. Nous devons donc prendre au sérieux les propositions que nous formulons, car nous ne serons pris au sérieux qu’à la condition que notre projet ne soit ni un catalogue d’amendements au système ni une série d’incantations.

Au fil des rencontres, des discussions et autoformations, le travail que nous avons mené nous a conduits à proposer (tout à fait provisoirement, comme une étape de nos discussions et une base de débat avec celles et ceux qui participeront à cette construction) une série de points d’intersection qui, selon nous, pourraient nous aider à construire un projet plus global de rupture, pour une transformation de la société révolutionnaire, écologiste, anticapitaliste, féministe, antiraciste, antivalidiste de la société.

(A) Pour une décroissance écosocialiste et/ou un alter-développement, solidaire et autogestionnaire

Les catastrophes écologiques en cours nous imposent de construire une société où il y aura moins de consommation d’énergie, moins de transports inutiles, moins de voitures et d’avions, où l’on mangera moins de viande, où l’on utilisera moins de produits chimiques. Il faudra donc sortir des énergies fossiles et donner la priorité aux énergies renouvelables tout en arrêtant l’électronucléaire, que les objets utiles durent plus longtemps et donc que l’obsolescence programmée soit interdite et le recyclage des matériaux systématique, que les produits polluants soient systématiquement évités, que les services répondant aux besoins essentiels soient gratuits. Il faudra, en somme, produire moins, autre chose et mieux qu’aujourd’hui, tant dans l’industrie, les services et les transports que dans l’agriculture, en subordonnant la production aux besoins collectivement élaborés démocratiquement, et en développant les métiers du soin, de l’agriculture et de la reproduction sociale. Cette décroissance et/ou alter développement solidaire est un enjeu de justice de classe, puisque ce rééquilibrage de la production bénéficiera en premier lieu aux plus pauvres, mais aussi féministe, car il s’agit aussi de revaloriser les métiers aujourd’hui principalement assignés aux femmes ; antiraciste, car ce sont les quartiers où vivent le plus de racisées et de racisés qui sont aujourd’hui les premières victimes des pollutions, des épidémies et de la privation des biens et services de base ; anti-impérialiste, car la lutte est aussi contre le pillage et la destruction des pays du Sud par les entreprises occidentales polluantes.

Nous pensons qu’une organisation de gauche qui veut changer radicalement le système doit porter des propositions concrètes telles que :

• L’arrêt de la monoculture intensive, de l’élevage intensif et des déforestations destinées à l’industrie. Pour cela, il est notamment nécessaire de démembrer les grandes exploitations agro-industrielles, d’exproprier les propriétaires de grandes surfaces agricoles et de redistribuer les terres aux paysannes et paysans, dont le nombre doit drastiquement augmenter. Un plan de reconversion et d’investissement massif doit être mis en œuvre pour une nouvelle révolution agraire qui privilégie l’agro-écologie paysanne et l’élevage qui est associé tout en préservant les forêts et des habitats naturels des animaux, en relocalisant et en diversifiant la production agricole.

• La fermeture des industries polluantes qui ne sont pas absolument nécessaires à la satisfaction des besoins essentiels (par exemple les industries militaires, du plastique, de publicité et de la mode, parmi les plus polluantes au niveau mondial aujourd’hui) et la recherche de l’efficacité énergétique par exemple pour l’isolation des bâtiments ou dans l’utilisation d’appareils. Ces premières mesures doivent permettre d’enclencher une nouvelle révolution sanitaire et industrielle visant le démantèlement des industries nuisibles et ne répondant pas aux besoins et droits populaires fondamentaux, et l’arrêt des transports polluants non essentiels et évitables (concernant le transport des personnes comme des marchandises) et qui réoriente l’ensemble des secteurs économiques depuis les énergies fossiles, principalement responsables du réchauffement climatique, vers des énergies plus durables et moins polluantes.

• La gratuité des moyens de transports publics et leur contrôle démocratique (rythme, desserte, etc.). L’usage des transports privés (comme l’automobile) doit être drastiquement réduit, remplacé autant que possible par des transports collectifs et publics, et il est nécessaire de limiter l’usage professionnel et de loisir des avions au strict minimum. Réduire les émissions de gaz à effets de serre et le taux de particules fines dans l’air suppose une révolution dans les modes de transport, qui peut être enclenchée par une politique active de réorientation des déplacements vers les transports moins polluants notamment du vélo et des transports publics du rail, qui doivent être développés dans tous les territoires, gratuits et accessibles à toutes et tous.

• La réduction massive du temps de travail (certains économistes de notre camp l’estiment à 28h-29h, on peut penser que 25h serait un bon objectif, cela dépendra bien sûr des décisions dans le cadre d’une planification démocratique de la production à partir des besoins), mesure d’urgence face aux attaques néolibérales, mais aussi véritable mesure de transition anticapitaliste radicale et concrète en lien avec l’exigence de la démocratisation du travail : une mesure qui répond à la fois aux urgences écologiques et sociales tout en libérant du temps pour permettre et exiger le partage du travail de reproduction sociale, pour faciliter les pratiques autogestionnaires et la démocratisation de toutes les dimensions de la vie sociale.

Il s’agit là d’exemples de propositions, non exhaustives, qui nous paraissent devoir être mises en avant. Mais il en existe de nombreuses autres, bien sûr, qui ne sont pas défendues systématiquement par la gauche aujourd’hui (par exemple la création d’une catégorie juridique de crime d’écocide pour des entreprises ou des États), et d’autres encore qui font partie des revendications plus communément partagées, mais qu’il faut intégrer dans une perspective plus radicale, celle d’une décroissance écosocialiste et/ou d’un autre type de développement, solidaire et autogestionnaire basé sur le triptyque : arrêt des productions dangereuses – reconversion autogestionnaire et décroissance d’une partie de la production dans les pays du Nord – croissance de la production d’utilité sociale et écologique dans les pays du Sud. C’est le cas notamment de mesures telles que la socialisation et la mise sous contrôle démocratique des secteurs économiques répondant aux besoins fondamentaux, la définanciarisation de l’économie et le contrôle démocratique de la création monétaire, etc.

(B) Pour une démocratie totale

Au quotidien, nous ne participons pas aux décisions sur la finalité ou les moyens de notre travail, ni lorsqu’il s’agit de décider de l’aménagement d’un quartier ou de la construction d’un projet polluant. Les services publics sont gérés comme des entreprises. La police ne rend de compte à personne. Les institutions sont conçues pour éloigner les premiers et premières concernées. C’est aussi de cette relégation permanente à n’être que spectateurs et spectatrices de nos vies que naissent les injustices, les renoncements et les souffrances. Nous pensons que cette question démocratique est un point d’intersection fondamental qui permet de relier une série de thématiques, de montrer ce qu’elles ont en commun. C’est aussi un point d’appui, qui n’est pas assez pris au sérieux par la gauche aujourd’hui, pour se battre pour un autre monde, et un élément fondamental de la nouvelle culture politique que nous voulons développer. Il ne devra plus rester d’espaces, de décisions affectant nos existences qui restent soumis à l’autorité arbitraire d’une minorité de privilégiés. Notre projet, en s’appuyant sur les histoires, expérimentations et expériences ouvrières, populaires, autogestionnaires, d’auto-organisation, de démocratie conseilliste et locale, devra viser à organiser une démocratie totale, dans tous les domaines de la vie sociale.

Nous pensons qu’une organisation politique de gauche qui veut changer radicalement le système doit porter des propositions concrètes pour permettre, notamment, le contrôle démocratique :

• Des entreprises et des services publics. Pour que le travail ne mette plus en danger la vie et qu’il soit un lieu d’exercice de la démocratie, il faut révolutionner les entreprises et les services publics et en faire des institutions démocratiques, en accordant le pouvoir de décision exclusivement aux travailleurs et travailleuses concernant les conditions (par exemple les grilles de salaire dans l’entreprise et les mesures de prévention des accidents et maladies, etc.) et la qualité (par exemple les normes d’un produit ou d’un service) de leur travail ainsi que l’organisation (par exemple l’emploi du temps, les modalités de coopération, etc.) et les moyens de leurs activités (par exemple les outils et logiciels utilisés, les comptes de l’entreprise, etc.) Et pour que le travail réponde enfin aux besoins essentiels de la population, pour que les activités de reproduction sociale soient également partagées et pas assignées aux femmes (et en premier lieu aux femmes populaires et racisées), pour permettre une reconversion écologique de toutes les industries et activités professionnelles, il est urgent d’inventer et imposer de nouvelles institutions rassemblant travailleuses et travailleurs, usagers et usagères, habitantes et habitants pour décider de ce qui doit être considéré comme du travail pour répondre aux besoins fondamentaux, et des finalités du travail au niveau des secteurs économiques et des territoires. De telles institutions démocratiques permettraient par exemple à toutes les personnes concernées de décider directement au sujet de la fermeture et de la reconversion de sites industriels polluants, et plus globalement de planifier démocratiquement la révolution sociale et écologique de l’ensemble de nos manières de produire et de vivre.

• De l’aménagement de nos lieux de vie et des espaces naturels. Des conseils de quartier, de villes, de région, etc., à différentes échelles, devront permettre aux habitants et habitantes de décider de l’aménagement des lieux de vie et des espaces naturels. Cela nécessite notamment de libérer du temps, en dehors du temps de travail, mais aussi de permettre à toutes et tous d’avoir accès aux connaissances et informations nécessaires à cette réappropriation des espaces de vie.

• De la police et de l’armée. La police telle qu’elle existe actuellement doit être remplacée par une sécurité publique désarmée, formée à la désescalade de la violence et à la compréhension des rapports sociaux, et soumise à un contrôle démocratique via des jurys composés de citoyens, d’élues locales et d’élus locaux, de responsables associatifs. Les mêmes principes de formation à la non-violence et de contrôle populaire et démocratique doivent valoir aussi pour l’armée.

Au-delà de ces exemples, et ébauches de propositions, c’est l’ensemble des institutions sociales et politiques qui devront faire l’objet d’une réflexion collective en vue de leur démocratisation totale, afin qu’elles ne soient plus des lieux de dépossession du pouvoir, d’injustices et de privilèges, mais deviennent des espaces de délibération, de décision et de coopération démocratiques auxquels chacun puisse réellement participer.

(C) Justice : pour nos droits fondamentaux et toutes les égalités

Partout ce cri résonne, chaque jour de plus en plus fort. Justice pour les morts de violence policière. Justice climatique, pour celles et ceux dans les quartiers qui subissent le plus les effets du dérèglement climatique, pour celles et ceux dans les pays du Sud qui paient de leur vie et de leur santé les politiques écocides et de laissez-faire des pays occidentaux. Justice sociale, quand – alors que le pays entier était confiné – les salariées les plus mal payées étaient celles qu’on envoyait, au péril de leur vie, travailler sans protection, pendant que les actionnaires des entreprises du CAC 40 voyaient leurs dividendes augmenter comme jamais, et que désormais, tous et toutes sont renvoyées à leur responsabilité individuelle de se faire vacciner, de mettre un masque et d’aérer en lieux clos pour se protéger – mais sans aucun moyen de contrôle démocratique, sans les informations et droits nécessaires à la responsabilité collective, tandis que, quoiqu’il en coûte, il faut dans tous les cas aller travailler. Justice sanitaire et environnementale, notamment face aux pandémies, dont le lien avec les atteintes aux écosystèmes sont désormais confirmées : ainsi par exemple si l’assainissement de l’eau a été un progrès majeur de santé publique notamment pour les plus défavorisés, l’assainissement de l’air pourrait constituer une mesure de justice fondamentale, notamment au regard de nouvelles pandémies à venir dont les contaminations se feraient principalement par aérosolisation.
Justice pour les victimes de violences sexistes et sexuelles, quand moins de 1% des viols déclarés font l’objet d’une condamnation, que les crimes d’inceste sont massifs et les féminicides quotidiens. Justice féministe, antiraciste, anti-impérialiste, antivalidiste, pour en finir avec les exploitations, discriminations et oppressions liées au genre, à la racisation, à la colonisation, aux normes de validité. Là encore, nous pensons que l’exigence de justice, inséparable de l’exigence de vérité sur les violences et inégalités, est un enjeu transversal prioritaire. Voici quelques points qu’il nous semble qu’une organisation politique de gauche devrait mettre en avant, et qui vont au-delà de la grande majorité des programmes existants :

• Réduire drastiquement les écarts de salaire et de pensions de retraite, revaloriser les secteurs essentiels et les minimas sociaux : nous proposons un plafonnement drastique des hauts salaires par la loi et une socialisation d’une partie des bénéfices des entreprises pour redistribuer entre toutes et tous les travailleuses et travailleurs, empêcher les écarts de revenu pour la même fonction et qualification. Il est tout à fait fondamental de revaloriser les métiers les plus utiles, dans le soin, l’éducation et la production des biens et services fondamentaux, avec une hausse drastique des salaires et des conventions de branche garantissant des salaires élevés, des droits et des conditions de travail de haute qualité. La notion de pénibilité (par métiers) doit être prise en compte non seulement pour l’âge de départ à la retraite, mais aussi en termes de temps de travail (par exemple un temps partiel payé à temps plein dans les métiers pénibles) et d’une manière non sexiste, en prenant en compte aussi la pénibilité liée à l’implication émotionnelle dans les activités de soin des personnes, par exemple. Tous les minimas sociaux et le salaire minimum doivent être massivement augmentés pour permettre à toutes et tous de bénéficier de conditions de vie dignes, et les inégalités de salaire entre hommes et femmes, ainsi que les discriminations sexistes et racistes à l’embauche ou dans l’organisation et la division du travail, doivent être empêchées. Tant qu’il existera des inégalités de salaires, celles-ci doivent être liées à l’utilité sociale des métiers, et ce critère doit être lui-même défini de manière démocratique. Le système des retraites doit devenir égalitaire et démocratique, en permettant que le montant de la pension soit l’équivalent du meilleur salaire pour toutes les travailleuses et tous les travailleurs, du privé comme du public, et que, selon la pénibilité des métiers, les besoins et les capacités de chacune et chacun, ainsi que de grandes orientations économiques démocratiquement planifiées, on puisse partir à la retraite à 60 ans et même bien avant.

• En finir avec les injustices face au logement. Le logement est un besoin essentiel, il doit être sorti de la loi du marché et être garanti comme un droit constitutionnel. Dans un premier temps, une instance démocratique pourra fixer le prix du mètre carré pour les locations et les ventes et garantira que les “mètres carrés essentiels” seront pris en charge par la collectivité pour chacune et chacun, sans condition de ressources. La spéculation immobilière en laissant des logements vides sera interdite ainsi que la rente immobilière, c’est-à-dire de posséder un logement dans le but de le louer. Au-delà, un projet de sécurité sociale du logement pourrait être mis en avant, qui permettrait de couvrir les impayés, de transformer les logements insalubres et d’organiser une planification démocratique de la construction de logements neufs accessibles à toutes et à tous, de travaux de rénovation, d’agrandissement de la surface des logements et de reconversion en habitation d’une partie de l’immobilier d’entreprise non utilisé et jugé non essentiel.

• En finir avec l’impérialisme de l’État français : nous devons exiger l’arrêt de la coopération militaire et politique avec des régimes autoritaires, la prise de sanctions pénales à l’égard des entreprises corruptrices et destructrices de l’environnement (Bouygues, Bolloré, etc.), la collaboration avec les organisations progressistes africaines pour le remplacement de la monnaie néocoloniale du franc CFA, la fin de la politique néocoloniale dans les territoires d’Outremer, droit à l’autodétermination et à l’indépendance des dernières colonies françaises, etc. – l’arrêt des activités mortifères de l’armée et de l’industrie militaire françaises : arrêt des opérations militaires extérieures de la France, des ventes d’armes à des dictatures, reconversion d’industries militaires ciblées et démantèlement du nucléaire, retrait de l’OTAN, reconnaissance du caractère écocide de l’industrie militaire, reconversion autogestionnaire de l’industrie d’armement, réallocation d’une partie du budget militaire vers les secteurs du soin, de l’éducation, de la coopération internationale et de la paix civile.

Ces lignes directrices et propositions, bien sûr, ont vocation à être largement débattues et complétées, critiquées, remises en question et révisées dans un processus permanent d’élaboration programmatique, à partir des analyses de la situation et des besoins et luttes en cours. Elles permettent surtout, selon nous, de montrer comment l’on peut, tactiquement, mettre en avant un certain nombre de propositions qui produisent un récit cohérent en liant différents enjeux, et, stratégiquement, elles représentent autant de points d’appui pour aller concrètement vers un changement radical de système. La perspective des prochaines élections pourrait être l’occasion d’initier dès maintenant un tel travail d’élaboration programmatique, par en bas, bien plus massif et démocratique que ce qui a été mis en œuvre ces dernières années par la gauche radicale, alternative et anticapitaliste, et permettant d’aller bien au-delà des programmes et plateformes programmatiques présentés lors des dernières élections.